N.
C'est dimanche, il y a du soleil, du vent, des nuages blancs, des gens qu'on croise comme ça, des enfants en vélo, des rides sur le canal. Elle est là, à côté, petite, menue, les yeux tout bleus, habillée de blanc. On marche, on avance, on se tourne, on se regarde, on croise nos regards. On parle de tout, de rien, c'est pas facile, c'est la première fois. Puis elle raconte, son mari, la maladie, la souffrance, et la mort comme une délivrance, un dimanche matin. Elle a la voix qui tremble un peu, les yeux qui brillent, et puis bientôt son sourire est là, son rire revient. Je lui parle de la mienne, de ma vie d'avant, la femme malade, l'enfant malade, ce trou noir dans mon existence, vingt ans. On marche encore, tous les deux, longtemps comme ça, avec dans les mots notre envie de vivre, de revivre. Après, sur le parking, elle est là, tout près, son visage, le clair de ses yeux, elle dit la voix douce qu'elle aimerait bien me revoir.
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